(24.08.11) MARIA JOSÉ BANOS ANDUJAR
PRISONNIÈRE POLITIQUE DES GRAPO
MENACÉE DE MORT EN PRISON
(03.09.2011) Fin des menaces et prochaine sortie de prison pour l'Hôpital
Ce vendredi 2 septembre 2011, la prisonnière politique Antifasciste a eu une réunion urgente avec le Directeur de la prison de Picassent (Pays Valencien). Celui-ci lui a assurée qu'elle sera changée de Module la semaine prochaine pour éviter les menaces et les provocations réalisées à son encontre par un groupe de prisonnières sociales. Et ce qui est également important parmi les revendications de Marijosé, il lui a aussi assurée que dans 1 mois elle sortira de la prison pour l'hôpital afin d'être suivie médicalement de toute urgence alors que jusque là sa situation d'attente et de désatention médicale se profilait pour s'éterniser. Ayant appris cette nouvelle, les prisonnières politiques de Brieva ont suspendues le jeûne revendicatif.
(24.08.2011) Maria José Baños Anduja, prisonnière politique des GRAPO : depuis 9 ans en prison
Maintenant menacée de mort : ça suffit !
Après le manque total de soins relatifs aux graves maladies de la prisonnière politique des GRAPO suivi de l'envoi de lettres de protestations à l'Hôpital pour montrer le rejet du traitement offert à cette réprimée...
ce 22 août 2011, elle a téléphoné pour nous informer sur le fait qu'elle est insultée, provoquée et menacée de mort par plusieures prisonnières sociales et que malgré son entretien avec le Chef de Service, la situation continue d'avoir lieu.
Assez de la situation brutale infligée par l'Institution Pénitentiaire à Marijosé ! Il serait bien de lui écrire pour lui montrer notre Solidarité.
Écris-lui !
María José Baños Andujar
Prisión Picassent a.c. 1002.
46220 Valencia (España)
JEÛNE DE PROTESTATION EN SOLIDARITÉ
AVEC MARIJOSÉ MENACÉE DE MORT EN PRISON
Depuis ce lundi 29 août 2011, à cause de la terrible situation de menaces que doit supporter la prisonnière antifasciste des GRAPO MariJosé BAÑOS ANDUJAR à la prison de Brieva : les prisonnières politiques du PCE(r) Concha GONZÁLEZ RODRÍGUEZ et Arantza DÍAZ VILLAR, ont commencé des journées de jeûne alternatif (un jour oui, le suivant non) jusqu'à ce que la situation de Marijose soit résolue.
ENVOIE CETTE CARTE POSTALE DE DÉNONCIATION
À LA DIRECTION PÉNITENTIAIRE !
FAIS-LA CIRCULER AUTOUR DE TOI ET ENVOIE-LES !
RECTO (à imprimer)
VERSO (à imprimer)
(Traduction de la carte postale solidaire)
Nous réclamons l'arrêt des abus d'intimidations contre Maria Xosé BANOS ANDUJAR, internée dans le module 20 - préventifs. Nous exigeons le respect de ses Droits et que soit corrigé de façon immédiate la situation dans laquelle elle vit. Prénom et Noms - Numéro de Carte d'Identité - Signature.
-(30.08.2011) Comités pour un SRI
”Les prisonnières politiques détenues dans la prison de Brieva savent d'une façon presque certaine que l'une des prisonnières sociales provocatrices qui rendent la vie impossible à Marijosé est l'une de celles qui a répété le schéma dans la prison de Brieva (menaces de mort, insultes, provocations quotidiennes) et qu'elle a précisément été transférée à Picassent, la prison de Valencia (Pays Catalans) où Marijosé se trouve prisonnière. Il s'agit d'une “délatrice au service de la Direction Pénitentiaire, junkie, forte-tête et qui a déjà tout perdu; elle est très dangereuse parce qu'en plus elle est énorme et très rejetée...” Elles racontent aussi que l'une des autres prisonnières sociales qui la menacent est peut-être une autre délatrice envoyée depuis la prison de Brieva à celle de Picassent laquelle a insulté une prisonnière politique basque quand elle est retombée récemment dans la prison de Soto au cours d'un transfert pour la prison de Picassent à Valencia.”
-(30.08.2011) Lettre de Yolanda “Je me décide à vous écrire pour partager deux sentiments éprouvés : 1º La tristesse de savoir comment ils/elles jouent avec María José BAÑOS (Où doit-on adresser les lettres de plainte?)*. 2º La joie que j'ai eu en recevant durant la même semaine des lettres de Marcos MARTÍN PONCE (1) depuis la prison de Morón-Sevilla, de Victoria GÓMEZ MÉNDEZ (2) depuis la prison de Cáceres II et d'Ignacio VARELA GÓMEZ (3) depuis la prison de Mansilla-León. Je me réjouis parce qu'on s'attend toujours à ce que les communications soient plus lentes. Vendredi dernier, j'ai envoyé à Nacho VARELA un document administratif pour pouvoir parler par téléphone et aujourd'hui j'ai parlé avec lui. Surprenant ! La mère d'Israel TORRALBA BLANCO m'a appelé, pour le peu que je sache, il l'ont changé de Module et il est maintenant dans le Module 11. Je en sais pas encore de quel type de changement il s'agit, ni pourquoi. Ils l'ont maintenu avec son ancien compagnon. Il dit que, pour le moment, ils en le réveillent pas durant la nuit (mais que cela peut changer à tout moment, cela dépend de leur humeur), qu'ils lui donnent moins de quantité de nourriture (parce que dans l'autre Module, ils le connaissaient et ils lui donnaient plus) et qu'avec le changement ils ont retenus plusieurs de ses affaires personnelles c'est pourquoi il présentera une plainte pour que celles-ci lui soient rendues. Il est évident qu'avec le changement de Module dans la prison de A Lama Pontevedra elle-même, les horaires de visites au parloir lui ont aussi été modifié, etc... (...) Sans plus, une forte étreinte et un salut. AMNISTIE"
Notes: * À la prison elle-même, au chef de Sécurité.
(1) Prisonnier politique des GRAPO (Groupes de Résistance Antifasciste du Premier Octobre 1975)
(2) Prisonnière politique des GRAPO
(3) Prisonnier politique des GRAPO
(27 Mai 2010) Biographie de Maria José BAÑOS ANDUJAR,
prisonnière politique des GRAPO.
Je suis née le 11 novembre 1964 dans une petite localité du Sud-Est de la France où mes parents -des immigrés de Murcia d'où ils se sont arraché(e)s- sont venus après s'être mariés afin de pouvoir vivre. Mécanicien de profession jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite à l'âge de 70 ans, mon père vivait pour travailler et il travaillait pour vivre.
En 1972, nous revenons tous à Murcia. Depuis très jeune, j'ai connu le monde des drogues, et je suis devenue une polytoxicomane et mon monde était celui de la délinquance mineure. En 1992, avec une fille et en prison, on m'a dit que j'étais séropositive. Mais il semblait que tout m'était égal, vivre ou mourir c'était pareil. Beaucoup de gens m'ont demandé ce que je pensais de mon futur et je me demandais de quel futur ils/elles me parlaient. En marchant dans les cours des prisons, j'ai gardé la jeunesse et la drogue a continué de faire partie de ma vie.
<Photographie : Quartier la Fama (Murcia)>
Dans l'une de ces cours, j'ai commencé à connaître, à converser et à faire amitié avec plusieurs prisonnières politiques. J'ai commencé à être consciente que ces rencontres allaient être une partie fondamentale de ma vie. De la conversation, nous sommes passées à l'échange de points de vues, puis aux discussions (primaires au début) politiques, sociales... Chaque jour, je me suis intéressée un peu plus, lisant et parlant jusqu'à épuiser mes amies... J'ai commencé à découvrir un monde très différent du mien, solidaire, combatif, d'engagement jusqu'à la fin, enfin un peu d'Histoire réelle et beaucoup, beaucoup, de Dignité. Mes amitiés sont allées en grandissant avec des échanges de correspondance, de nouvelles personnes et tout cela m'a beaucoup renforcée dans mon auto-estime, ma confiance et mes connaissances...
En 1993 : j'ai totalement arrêté de consommer et j'ai commencé à mener une vie de Dignité et de Lutte. En 1994 : ils tentent d'exercer un chantage sur moi pour que je rompe les amitiés avec les prisonnier(ère)s politiques et on me transfère à la prison de Meco. En 1996 : on me transfère à celle de Brieva. Cette année-là, les prisonnier(ère)s du Collectif des militant(e)s communistes et antifascistes lanceront deux grèves de la faim qui ont encore plus resserré les liens que je sentais avec eux/elles.
J'ai commencé à étudier, à me former profondément, toujours avec le soutien de celles qui aujourd'hui sont mes Camarades. Mais l'Institution Pénitentiaire n'a pas vu avec de bons yeux cette réinsertion, la seule véritable, que je faisais dans la Vie, dans la Lutte, dans l'Amour. Et cela m'a presque coûté la Vie. En 1997, je suis menacée par la Guardia Civil, au cours de l'un des transferts "pour être l'amie de terroristes". En prison, ils me rendent la vie impossible (continuels changements de cellule, on m'oblige à les partager avec des prisonnières qui ont un symptôme d'abstinence et des maladies extrêmement contagieuses pour moi du fait que j'ai le VIH). On m'oblige à prendre des médicaments psychiatriques. Dans la prison de Murcia, au cours de l'un de ces nombreux transferts, je suis frappée par deux Chefs de Service et une troupe de gardiennes de prison. Un manque de soin médical m'a provoqué un avortement seule dans une cellule et la succession de plusieurs erreurs médicales ont été -entre autre- les raisons pour lesquelles ma santé s'est gravement détériorée. Au cours de l'une de ces erreurs, ils m'ont diagnostiqué puis "traité" une hernie du hiatus alors qu'il s'agissait d'une infection de l'estomac.
Durant ces années-là, les coups me sont venus de tout les côtés. J'ai cessé d'être une prisonnière de Droit Commun pour devenir une prisonnière politisée. Et cela a été une grande bataille perdue par eux. J'ai continué à me former en me renforçant physiquement et politiquement, en acquérant de la conscience et, plus encore, une conscience révolutionnaire. On m'a fait bouger comme une balle d'une prison à l'autre : Murcia, Meco, Brieva, Picassent, Badajoz avec plusieurs fois des aller-retour entre elles... Lors d'un transfert, ils me volent les photographies de ma fille, au cours d'un autre la Télé est détruite... Mais il leur restait encore un atout avec lequel jouer : attaquer le point le plus faible, dans mon cas : la santé et ils/elles s'y sont efforcé au maximum.
Mais ils/elles ne comptaient pas sur le fait qu'en plus de ma totale résistance à leur tentative d'extermination, la rue, les compagne(on)s, la Solidarité, la dénonciation, l'AFAPP (Association des Familles et Ami(e)s des Prisonnier(ère)s Politiques), Salhaketa (Collectif basque contre la prison dedans et dehors), les Comités de prisonnier(ère)s... ont fait croître une Campagne étatique en exigeant ma Liberté. On ne me donnait pas beaucoup de temps à vivre encore et la Campagne a été un succès total avec des centaines de signatures, de soutiens... et en moins d'une année j'étais dans la rue d'où ils/elles m'avaient séquestrée.
En Février 2000, je suis sortie avec de la peur car après autant d'années de prison tout allait être nouveau pour moi, inconnu dans sa dimension réelle; j''étais entrée comme une junkie et je sortais comme une personne digne, avec des idées révolutionnaires. Et de plus, je sentais que je sortais avec une grande responsabilité pour moi et pour tout(e)s les autres. Oui, je suis sortie avec énormément d'espoir et d'envie de vivre. Une grande famille m'a accueillie en Galice et j'y ai commencé une nouvelle étape pour moi. J'ai pu développer ma nouvelle vie, intensément. Le temps que j'ai passé dans la Légalité a été un grand apprentissage humain et politique. Les discussions politiques, la camaraderie, les Campagnes et mes premières expériences aux portes des usines... tout cela a été très intense et constructif.
Mais les conditions dans lesquelles on m'avait appliqué l'Article 92 me limitaient tout et m'empêchait de continuer à avancer et de Lutter... Ce fut l'une des principales raisons qui m'ont fait envisager le passage à la clandestinité. Une autre raison a été de me rendre compte que dans la rue quelque chose n'avait pas changé quant à la prison. Là, dans la prison, les armes du Gardien de Prison sont plus importantes que celles de ses fonctionnaires avec ou sans uniforme, la répression, l'isolement, le chantage, les coups, les vengeances quotidiennes, la matraque, le spray asphyxiant, leurs menottes et les -leurs- drogues. Et ici, dehors dans la rue, c'était la même chose mais à une dimension et une échelle beaucoup plus grande. Oui, c'était vrai ce que me disaient mes ami(e)s et déjà Camarades : "La prison est le reflet de la société". Oui, en plus je l'ai vu de mes propres yeux. Exploitation, répression, inondation de drogues versée par l'État, criminalisation, l'État armé jusqu'aux dents...
Au début du mois de Mai 2001, je m'incorpore dans un commando des GRAPO (Groupe de Résistance Antifasciste Premier Octobre 1975), pleinement consciente, orgueilleuse et convaincue. Jusqu'à aujourd'hui, cela a été la meilleure étape de ma vie. Pour simplifier, c'était Illégalement libre. Le 18 Juillet 2002, je suis détenue par la Guardia Civil à Vitoria-Gasteiz (Pays Basque) où j'étais de passage. Je suis tombée avec de nombreu(euses)x Camarades mais de simple Solidaires et militant(e)s Communistes ont aussi été détenu(e)s. Au total, 18 Antifascistes. Dans mon cas, durant des tortures sauvages j'ai été droguée avec une substance qui m'a fait perdre le contrôle sur le temps-réalité. [La lettre sur ces tortures policières (recueillie dans le SOLIDARIDAD nº 6 (Solidarité) de Février 2003, page 7) est terrifiante; nous la joignons à la suite]. Depuis mon entrée en prison et jusqu'à présent, je pense que c'est le moment de Lutter derrière ces tranchées de béton, une nouvelle fois, de prison en prison avec les transferts, au moyen de la Lutte jour après jour.
Mon état de santé est délicat car j'ai besoin d'une transplantation de rein; aussi loin que je remonte par ici, ils ne me l'ont ni réalisée, ni autorisée. Mais je continue à résister et malgré toutes les entraves, je continue d'être Illégalement libre. En plus, maintenant, je suis grand-mère ! Mes exemples quotidiens sont ceux/celles qui ont été et sont dans ma vie et dans ma Lutte et ceux/celles qui ont donné la Vie par et pour elle.
LETTRE DE MARIJOSÉ SUR LES TORTURES POLICIÈRES
(Version orginale, en castillan) <http://puntodefuga-anticarcel.blogspot.com/2007/04/carta-de-mara-jos-baos-andujar.html>
TORTURES POLICIÈRES AVEC DROGUES. J'ai été détenue à Vitoria-Gasteiz (Pays Basque). En pleine rue, plusieurs individus se sont lancés sur moi, ils m'ont jetée au sol, ils m'ont marché dessus et ils m'ont menottée par derrière tandis qu'ils pointaient sur ma tête une arme à feu. J'ai seulement eu le temps de crier "je suis militante des GRAPO !". Rapidement, ils m'ont mis une cagoule et ils m'ont introduite dans une voiture en m'obligeant avec violence à mettre la tête entre les jambes. Ils m'ont conduite à un cachot, je suppose dans la caserne de Sansomendi de la Guardia Civil de Vitoria-Gasteiz. Là, ils m'ont maintenue face au mur sans m'enlever la cagoule et une voix masculine m'a avertie qu'ils allaient me fouiller en commençant par de minutieuses palpations sur tout mon corps. À la suite, j'ai été fouillée par un autre individu bien que celui-ci se soit limité à examiner les clavicules, les coudes, les parties basses de la colonne vertébrale et les coudes, tandis qu'ils me posaient des questions sur ma pointure de pieds, ma taille, mon poids, etc... Peu de temps après, ils m'ont donné de l'eau que j'ai bue avec anxiété car j'avais la bouche et la gorge totalement sèches. Immédiatement, j'ai commencé à sentir les symptômes d'avoir été droguée. J'ai eu peur en pensant au type de substance qu'ils m'avaient donné et à ses effets. Je n'ai pas tardé à l'expérimenter car j'ai commencé à sentir une terreur irrationnelle, des vertiges, des nausées et des tremblements incontrôlables dans tout le corps.
Je me sentais tomber dans le vide depuis une grande hauteur et quand je croyais être sur le point de frapper le sol c'était comme se réveiller pour revenir aussitôt à de nouveaux vertiges. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé jusqu'à ce qu'ils me sortent du cachot en me disant que nous allions "faire un tour". Tandis qu'ils m'emmenaient dans la voiture, toutes sortes d'idées passaient dans ma tête sur ce qu'ils allaient me faire : m'emmener à la montagne pour me torturer et me faire disparaître? Et s'ils m'enterraient vivante? Quand ils m'ont descendue de la voiture, j'ai su qu'ils étaient en train de fouiller la chambre d'hôtel où je logeais. Cependant, je ne réussissais pas à écarter de mes pensées les menaces de la montagne, la torture et la mort et mes tremblements ne cessaient pas. J'ignore combien de temps cela a duré ni comment ils m'ont de nouveau emmené au cachot car aux symptômes antérieurs s'ajoutait la perte de mémoire et de la notion du temps.
Durant les journées où ils m'ont maintenue en détention, je n'ai jamais été consciente si c'était le jour ou la nuit, si 2 jours avaient passés ou seulement des minutes, je sais qu'ils m'ont sortis du cachot et qu'ils m'ont mis dans un fourgon, j'ai su après que j'étais sur le chemin pour Madrid. Le voyage a duré une éternité pour moi, les effets de la drogue se sont intensifiés et j'ai fini allongée sur le sol du fourgon. Ils se sont arrêtés et ils m'ont fait sortir et ils m'ont assis sur une marche en tentant de me réanimer avec de l'eau. Comme ils m'avaient enlevé la cagoule, ils me forçaient à maintenir la tête baissée et je voyais seulement les pieds autour de moi; j'entendais leurs commentaires : l'un d'entre eux voulait appeler une ambulance, un autre qu'il ne manquait plus que 10 km...
La chose suivante dont je me souviens c'est qu'ils m'ont sortis du fourgon et que quelqu'un m'emmenait alors que j'étais revêtue d'une cagoule en tirant mes mains menottées. Celui-là a mis ses doigts dans mes yeux et ils m'ont forçée à marcher en me pliant jusqu'à ce qu'ils m'introduisent dans le cachot. L'une des pires angoisses était celle de me sentir sans défense du fait de ne rien voir ni de pouvoir utiliser les mains pour me protéger. Je ne pouvais même pas recourir au reste des sens car ils étaient annulés sous les effets de la drogue qu'ils m'ont donnée. Les tremblements ne cessaient pas non plus. Dans cet état, ils me conduisaient par des couloirs, ils me faisaient monter et descendre les escaliers, sans jamais savoir ce qu'il y avait à la fin du trajet.
Chaque fois que j'étais au cachot, ils frappaient les portes et ils se divertissaient en criant des choses comme : "Ceci est un vol à main armée!", "Mains en l'air!", "Si tu bouges, je te tires dessus !"... Je les entendais chanter le "Cara al Sol" (1) dont la mélodie sortait aussi du téléphone mobile, ils donnaient des "Viva España!" (Vive l'Espagne), "Viva la Guardia Civil!", etc... Ils ne m'ont pas permis de m'asseoir dans le grabat, encore moins de m'accouder et ils m'ont obligée à faire constamment de la gymnastique; les bras en croix, des flexions... jusqu'à ce que je finisse étendue sur le sol. Je ne sais pas si c'était le 2ème jour à Madrid quand ils m'ont emmenée pour déclarer face à un avocat d'office. Mon état était tellement lamentable que je bavais et que j'étais incapable de me laver. L'avocat a du avoir peur car il a refusé que je déclare dans cet état et il a demandé qu'on me conduise à l'hôpital en nous accompagnant, lui aussi. On m'a fait un électrocardiogramme et une prise de sang mais ils ne m'ont jamais dit les résultats. À l'hôpital, j'ai entendu qu'il était 4 heures du matin et je dormais déjà debout malgré les nausées dont il me semblait qu'elles allaient me rompre l'estomac.
Durant les premiers jours, on m'a donné seulement du lait mais plusieurs fois par jour, je suppose pour me désintoxiquer de la drogue pour être plus présentable quand le Juge me verrait. La dernière nuit de la détention, ils m'ont assise sur une chaise d'interrogatoire et ils m'ont enlevé la cagoule et ils m'ont présenté des photographies d'autres détenu(e)s. Le 5ème jour, de nouveau cagoulée et menottée ils m'ont mis dans un fourgon et plus tard 2 autres personnes sont montées qui étaient dans les mêmes conditions que moi. Ils nous ont interdit de parler mais malgré le fait de ne pas être certain(e)s d'être seul(e)s nous avons commencé à nous demander mutuellement qui nous étions, jusqu'à ce qu'ils nous descendent jusqu'à l'Audiencia Nacional."
NOTE. (1) "Cara al Sol" : Face au Soleil, hymne créé en 1936 par la Falange Española de las JONS : Falange Espagnole des Groupes d'Offensive National-Syndicaliste, parti politique espagnol fasciste.
1er Mai 2000 (Galiza) Marijosé distribuant des tracts à Compostela.